
Une opposition unie contre la « mascarade institutionnelle »
La désignation de Faure Gnassingbé à la présidence du Conseil et l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové à la tête de l’État ont déclenché une levée de boucliers au sein de l’opposition togolaise dimanche. Plusieurs figures politiques, dont Jean-Pierre Fabre (ANC) et la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), ont dénoncé une manœuvre visant à consolider un pouvoir autoritaire sous couvert de la nouvelle Constitution.
Jean-Pierre Fabre (ANC) : « Nous refusons cette parodie »
Le leader de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a fustigé ce qu’il considère comme une « mascarade institutionnelle », réaffirmant son rejet catégorique de la Ve République instaurée par la réforme constitutionnelle.
« L’ANC refuse de s’embarquer dans cette parodie. Nous rejetons ce qui est en train de se passer. Ce régime cherche à verrouiller le système pour s’éterniser au pouvoir. »
— Jean-Pierre Fabre
Fabre accuse le pouvoir d’avoir instrumentalisé les institutions pour légitimer une transition antidémocratique, réduisant le rôle de la présidence à une fonction symbolique au profit du Conseil des ministres, désormais dirigé par Faure Gnassingbé.
La DMP dénonce un « coup de force » et une « dérive monarchique »
Du côté de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), menée par Brigitte Adjamagbo-Johnson, les critiques sont tout aussi virulentes. Le mouvement parle d’un « tournant dangereux » pour le Togo et accuse le régime de préparer une « monarchie déguisée ».
« Ce qui s’est passé le 3 mai est un coup de force. Les parlementaires et la Cour constitutionnelle ont trahi le peuple togolais. Ils devront répondre de leurs actes devant l’Histoire. »
— DMP
La DMP pointe du doigt :
- La complicité des institutions (Parlement, Cour constitutionnelle).
- L’absence de consultation populaire sur la réforme.
- Le risque d’un pouvoir héréditaire, avec Faure Gnassingbé contrôlant l’exécutif depuis le Conseil.
Appel à la mobilisation et alerte internationale
Face à ce qu’elle perçoit comme une « confiscation du pouvoir », l’opposition togolaise lance un double appel :
- Mobilisation citoyenne : Grèves, manifestations et résistance pacifique.
- Interpellation de la CEDEAO et de l’UA : L’opposition exige une réaction similaire à celle de 2005, lorsque la communauté internationale avait condamné le maintien de Gnassingbé après la mort de son père.
Contexte : La réforme constitutionnelle controversée
La nouvelle Constitution, adoptée en avril 2024, instaure un régime parlementaire où :
- Le Président de la République (Savi de Tové) devient une figure symbolique.
- Le Président du Conseil (Faure Gnassingbé) détient l’essentiel du pouvoir exécutif.
- Le mandat présidentiel passe à 6 ans, renouvelable une fois, mais les critiques craignent une manipulation pour prolonger indéfiniment le régime.
Réactions et perspectives
- Régime : Se défend en invoquant une « modernisation des institutions ».
- Observateurs internationaux : S’interrogent sur la légitimité du processus.
- Opposition : Prépare des actions de protestation et des recours juridiques.
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